Dans une tribune pour L’Express, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy et président de l’UDI, invite la Grèce comme ses créanciers à « reprendre leurs esprits ». Un Grexit est l’une des mesures qu’il propose pour sortir de la crise.
Le 12 juin dernier, j’ai affirmé qu’il était temps d’organiser la sortie de la Grèce de la zone euro. Il n’était pas encore question, ce jour-là, du référendum par lequel les Grecs viennent de dire « non » aux exigences de leurs créanciers. Intervenu depuis lors, ce verdict des urnes confirme un divorce de fait, qu’il s’agit simplement d’assumer dans l’intérêt des deux parties.
Grecs et créanciers épuisés
D’un côté, les créanciers de la Grèce en ont assez de remplir le tonneau des Danaïdes. Il ne s’agit pas seulement de la « troïka » composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, et du Fonds monétaire international. Derrière eux, la vaste majorité des habitants des pays d’Europe en ont eux-mêmes assez. Ils sont légitimement ulcérés de devoir éponger sans cesse les dettes de ce pays après avoir découvert qu’y ont régné le travail au noir massivement développé, les comportements de fraude de tous ordres, l’évasion fiscale systématisée des élites et des plus riches, le maquillage des comptes publics, et le clientélisme dans les abus d’aides européennes au développement.
De l’autre côté, les Grecs sont épuisés à force d’avoir subi des coupes sombres et des saignées qui, au demeurant, ont beaucoup plus rudement frappé les foyers étant déjà très fragiles. Les plans d’austérité étaient justifiés, mais bien trop tardifs pour rattraper une situation déjà irrattrapable: ils n’ont donc qu’aggravé les choses. Les salaires ont chuté d’un tiers, les retraites ont été divisées par deux, un tiers des entreprises ont fermé, un quart des Grecs sont au chômage, et surtout, la dette n’a même pas baissé !
Entre des créanciers qui ne veulent plus écoper le navire, et des Grecs qui se sentent noyés par les sauveteurs, le divorce de fait est donc avéré et compréhensible. De plus, depuis le début de la crise grecque, les positions politiques ont changé. Du côté des créanciers, le Pacte budgétaire européen de 2012 est allé plus loin dans la détermination nécessaire pour arrêter la gabegie budgétaire tant que c’est encore possible. Du côté des débiteurs, les récentes élections législatives ont porté au pouvoir un gouvernement néo-marxiste dont le moins qu’on puisse dire est qu’idéologiquement, il ne partage pas cette vision. Tsipras ajoute de la crise à la crise. Ce que certains louent comme du romantisme révolutionnaire n’est en réalité qu’une fuite en avant irresponsable. Tsipras n’est qu’un ersatz de Chavez, alors que le pays aurait besoin d’un Churchill.
Assumer de faire faillite, comme l’Argentine
Si l’on ajoute à cela que de toute façon, les Grecs ne parviendront jamais à rembourser leur dette, ni à la faire baisser jusqu’aux 60% du produit intérieur brut (PIB) exigés par le Pacte budgétaire, le sens des responsabilités et la lucidité politique nous commandent d’entériner le divorce. Il est temps que la Grèce quitte la zone euro, dans son propre intérêt. En assumant de faire faillite comme l’Argentine des années 1990, et en revenant au drachme pour bénéficier des avantages d’une monnaie plus faible que l’euro pour son économie, elle entrerait dans une phase certes longue et douloureuse de convalescence; mais surtout, elle sortirait de l’impasse actuelle.
Sortie de la zone euro, retour au drachme, et mise en faillite de l’Etat sur le modèle argentin: ces trois mesures sont urgentes, dans le cadre d’un divorce qui peut encore être prononcé à l’amiable, si les parties en présence veulent bien reprendre leurs esprits.
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