« L’impôt doit être efficace et lisible pour redevenir légitime. » – Les Échos

« L’impôt doit être efficace et lisible pour redevenir légitime. » – Les Échos

Les Échos : soutenez-vous toujours le projet de loi El Khomri tel que modifié ?

Nous étions prêts à voter la première version du projet de loi car il était utile pour lutter contre le chômage et créer des emplois. C’était un texte que la droite et le centre n’avaient pas osé poser sur la table. La nouvelle version va totalement à l’encontre de ce qui était avancé. Il n’y a plus rien, et même des choses nuisibles. Il n’est plus question pour nous de le voter.

C’est une déception, comme avec la loi Macron. Nous, nous pensons que le contrat de travail doit être privilégié à la loi. La loi doit fixer les limites mais laisser tout le reste au contrat. Il est plus adaptable, plus souple et plus réactif. C’était l’esprit de la première version du texte.

Le gouvernement a-t-il raison de dégeler le point d’indice des fonctionnaires ?

L’endettement de la France est-il en train de se résorber ? Non ! Nous sommes juste à quatorze mois d’une élection présidentielle. Face à un début de contestation sociale, le président de la République dépense de l’argent pour des raisons électoralistes. C’est absurde.

Sur la fonction publique, je propose plutôt d’en revoir le périmètre. Le statut n’a de légitimité que pour protéger les fonctions régaliennes de l’Etat, éviter les pressions. Faisons en sorte que ceux qui intègrent la fonction publique et n’exercent pas de fonction régalienne deviennent des salariés en CDI comme les autres. Là, François Hollande fait croire que l’effort de redressement de la Nation est terminé alors qu’il n’a pas commencé.

Que proposez-vous, dans la perspective de 2017, pour mener à bien ce redressement ?

Il faut retrouver une dynamique économique en enclenchant un vrai choc de compétitivité. Cela passe d’abord par un retour à 39 heures de la durée légale du travail, dans le privé comme dans le public. Aujourd’hui, nous sommes à 35 heures payées 39, mais ces 4 heures de RTT compensées par des allégements de charges sont en réalité financées par de la dette, donc par nos enfants. Il faut faire l’effort de revenir à 39 heures payées 39, ce qui représentera un gain de productivité et de cotisations considérable pour les entreprises comme pour l’Etat.

Ensuite, nous proposons un transfert massif de prélèvements sociaux, qui pénalisent le travail, vers la consommation : en augmentant la TVA de 5 points, il serait possible de diminuer de 30 milliards les cotisations patronales et augmenter de 10 milliards les salaires. Il y aurait un double effet compétitivité et pouvoir d’achat.

Faut-il baisser les impôts des ménages, comme le promettent plusieurs candidats à la primaire des Républicains ?

Dans un premier temps, pendant les deux ou trois premières années du quinquennat, c’est la compétitivité qui devra être recherchée, avec la baisse du chômage et le redressement des finances publiques à la clef. Mais il faut faire des réformes fiscales structurelles, plutôt que de promettre des baisses d’impôts non financées. Je défends un impôt sur le revenu payé par tous, à partir d’un taux bas, et avec un plus grand nombre de tranches pour lisser les seuils

La fiscalité locale devrait dépendre davantage du revenu. Parmi mes administrés, des retraités paient 3.000 euros d’impôt local alors qu’ils disposent d’une pension annuelle de 12.000 euros. Ce n’est pas acceptable. L’impôt doit être efficace et lisible pour redevenir légitime. Une fois la compétitivité revenue et les déficits assainis, une baisse de l’impôt sur le revenu des Français gagnant entre 2.000 et 6.000 euros me semblerait prioritaire.

Quel est votre objectif de réduction des dépenses publiques ?

Bien sûr je souhaite la réduction de nos déficits et de notre dette. Mais je me méfie de ceux qui aujourd’hui lancent des chiffres toujours plus importants qu’ils ne tiendront pas. Ce que je préconise ne coûte pas d’argent, cela en rapporte. On rectifie le moteur pour entrer dans un cercle vertueux.

Qui pourra porter ces idées à la présidentielle de 2017 ?

Je ne les retrouve nulle part ailleurs avec cette cohérence et ces logiques : notre génération doit redevenir responsable pour ne pas tout faire peser sur ses enfants ; nous devons simplifier pour rendre les choses plus lisibles et plus équitables et donc plus légitimes ; et puis il faut passer d’un modèle économique et social rigidifié et centralisé à un modèle contractualisé et fédéralisé qui s’adapte mieux à notre monde ouvert et en constante évolution.

Refuser de participer à la primaire de la droite n’est-ce pas se priver d’une tribune indispensable?

Nous travaillons notre projet présidentiel et législatif, nous allons investir nos candidats et lancer nos idées dans le débat. Le centre existera d’abord et avant tout par ses idées. La primaire, c’est juste une technique pour trouver un candidat à la présidentielle. Je suis pour la constitution de coalitions.

La culture des Républicains, de l’ex-UMP, c’est celle du parti unique de la droite et du centre, ce qui a abouti à la défaite de 2012. On ne gagne pas sans eux et ils ne gagnent pas sans nous. Nous souhaitons le dialogue mais pas avec les méthodes utilisées jusqu’ici quand nos idées n’étaient pas écoutées ou, comme avec la TVA compétitivité, reprises trop tard et « petits bras. »

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