Monsieur le Président de la République,
Le vote des britanniques en faveur d’une sortie de l’Union Européenne crée une situation grave et exceptionnelle sur laquelle les parlementaires UDI vous avaient alerté il y a quelques jours.
A nos yeux, cette situation est le fruit d’une situation que nous dénonçons de longue date et qui a plusieurs causes. L’absence de projet européen depuis 15 ans, alors qu’une reconfiguration de l’Europe en un cercle économique et un cercle politique est indispensable. L’insuffisance d’intégration des pays de la zone euro, qui permettrait à l’Europe de prendre des décisions rapides et efficaces, utiles à nos économies et à l’emploi. Le refus d’avancer sur un espace de sécurité que nous devons garantir en commun, tant sur le plan de la sécurité que sur celui des migrations. Le libéralisme excessif de la Commission qui met en concurrence déloyale les peuples et les entreprises de nos pays entre eux.
Le danger mortel que traverse l’Union Européenne n’est pas né avec le vote des britanniques. Il germe depuis plusieurs années du fait de l’immobilisme des dirigeants de l’Union. Il est donc essentiel que la France prenne une initiative forte, coordonnée avec nos amis allemands, pour que l’Europe cesse de faire semblant, ne reste pas au milieu du gué et prenne enfin son destin en main.
Vous trouverez ci-jointes des propositions que l’UDI a mis sur la table de longue date pour donner à l’Europe tout son sens, celui de nous redonner la force de peser sur le cours du monde, de défendre nos intérêts face aux grandes puissances, de garantir notre sécurité et notre prospérité. Nous vous invitons à les faire partager par vos homologues européens, comme nous le faisons au sein des dirigeants centristes d’Europe, réunis au sein de l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe (ADLE).
Mais dans l’immédiat, il faut gérer les conditions de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Là aussi, nous souhaitons vous saisir de quelques points qui nous semblent importants.
Par le passé, il est souvent arrivé que l’Union soit faible et cède aux exigences britanniques de particularisme et leur réserve un sort très privilégié. Ce n’est plus possible désormais. Car il ne saurait être question que le Royaume-Uni soit demain à la fois en dehors et malgré tout dans l’Union Européenne.
La sortie de la Grande-Bretagne doit être conduite et négociée sans délai afin de ne pas ouvrir une longue période d’incertitude dont nous ferions les frais. Dans le même temps, l’Union Européenne doit affirmer clairement qu’elle reste ouverte aux Ecossais et aux Irlandais du Nord s’ils venaient à s’en donner les moyens. De même, il n’est à nos yeux pas envisageable que le Royaume-Uni fasse partie de l’Espace Economique Européen, à l’instar de la Norvège, de l’Islande ou du Lichtenstein.
Pour les négociations qui doivent désormais s’engager, et afin de garantir la transparence favorable à nos intérêts nationaux et à ceux de l’Union, nous souhaitons vivement que le Parlement français soit associé au processus de discussions. Une Commission spécialement composée de nos deux assemblées doit être créée et consultée en amont par le Gouvernement tout au long des négociations.
Dés maintenant, nous souhaitons que vous posiez comme principe que le départ de la Grande-Bretagne ne peut aboutir à des règles qui seraient négociées bilatéralement pour les relations futures des 27 avec le Royaume Uni. Par exemple, il ne saurait être question que des droits de douanes, des dispositions fiscales, des droits de séjours, des réglementations d’accès aux marchés de l’Union puissent être différents d’un pays membre à l’autre dans ses relations à venir avec notre ancien membre.
Dans le même temps, il nous semble souhaitable que les pays membres de l’Union garantissent ensemble la poursuite d’Erasmus avec les britanniques, afin de ne pas éloigner nos jeunesses. De même, dans les domaines où existent des projets industriels communs en cours il est important que soit conservée une unité fiscale et réglementaire entre les entreprises britanniques et les autres partenaires.
Enfin, il nous paraît urgent qu’une initiative des principaux pays membres de la zone Euro puisse favoriser l’émergence d’une place financière majeure à l’échelle de notre continent. Il est en effet inimaginable que les investissements du continent soit soumis à une place financière, désormais off-shore, et à un pays qui, pour rester ami et allié, n’est plus un partenaire mais un concurrent.
Vous l’aurez compris, les enjeux sont si lourds pour la France et pour l’Europe qu’il est essentiel que chaque force politique du pays y soit associé tout au long du processus.
Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.
Jean-Christophe LAGARDE
Président de l’UDI