Le président de l’UDI revient sur les propositions de Bernard Cazeneuve sur la répartition des migrants et sur les réactions «disproportionnées» de la droite.
Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, pourfend les réactions de ses alliés du parti Les Républicains qui s’opposent au projet du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de répartir les migrants de Calais sur l’ensemble du territoire. Pour lui, leur refus d’accueillir ces réfugiés sur leur territoire est inacceptable.
La solution de Bernard Cazeneuve vous paraît-elle adaptée?
A l’évidence, oui. De toute façon, il n’y en a pas d’autres. On ment aux Français quand on dit qu’on va envoyer les migrants en Angleterre alors que celle-ci n’en veut pas. Par ailleurs, on nous dit que 80% des migrants accueillis à Calais sont admissibles au droit d’asile, il faut donc les répartir pour éviter justement que s’installe une zone de non-droit sur le territoire français. Il est inadmissible de laisser perdurer la «jungle». Alors oui, je suis favorable à la proposition de Bernard Cazeneuve. Il n’y a pas d’autres moyens de faire. Dois-je rappeler qu’au cours de ce quinquennat, plus d’un million de personnes a été accueilli sur le territoire? Là nous parlons simplement de 12000 personnes à répartir sur l’ensemble des communes de France.
Cette répartition des migrants sur toute la France va-elle, comme certains l’affirment à droite, contribuer à nourrir un peu partout un vote FN ?
Les images de Calais suffisent chaque jour à nourrir le vote FN. Et cette dissémination ne va pas faire naître partout en France des petits Calais. Je le répète, il s’agit de 12 000 personnes réparties sur 36 000 communes… nous sommes loin d’une invasion. Chaque année la France accueille 200 000 personnes dont près de la moitié dans le cadre du regroupement familial. Une fois la demande d’asile examinée, le titre de séjour accordé, ces personnes voudront aller dans des endroits où elles pourront travailler afin de se défaire de leur statut de réfugié.
Vous êtes donc en franche opposition avec les réactions des élus Les Républicains emmenés par Laurent Wauquiez, qui appelle à la «résistance» dans une pétition en ligne ?
Clairement. Ces réactions sont tout à fait disproportionnées et ne contribuent qu’à entretenir un débat malsain, lui-même suscité par les primaires. Avant de lancer cette initiative, il faut bien entendu un dialogue avec les élus locaux, expulser avec fermeté les 20% qui, eux , ne sont pas des demandeurs d’asile et, enfin, que l’Etat accompagne socialement cet accueil. Qu’il ne se défausse pas sur les communes, déjà en grandes difficultés financières. Vraiment, je m’étonne des réactions de certains élus LR qui, hier, pleuraient sur le sort du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage de la Méditerranée et qui, aujourd’hui, refusent catégoriquement d’accueillir des migrants. A se demander si, à ce moment-là, ils ne se sont pas contentés de verser des larmes de crocodiles.
Propos recueillis par Christophe Forcira – L’article sur le site de Libération