« Il faut faire confiance au peuple français. Il faut se rassembler, garder son sang-froid et se décider enfin à mener cette guerre. »

« Il faut faire confiance au peuple français. Il faut se rassembler, garder son sang-froid et se décider enfin à mener cette guerre. »

Le Point : Dans de telles circonstances, faut-il, selon vous, maintenir les élections régionales qui auront lieu les 6 et 13 décembre ?

Jean-Christophe Lagarde : En l’état actuel, il n’y a pas lieu de reporter les élections régionales. Bien sûr, le climat peut fausser les résultats, mais ce serait donner raison à nos agresseurs. Le report des élections serait un tel symbole. Comme si notre démocratie n’était plus en état de fonctionner. Il faut faire confiance au peuple français. Dans de telles conditions, il faut se rassembler, garder son sang-froid et se décider enfin à mener cette guerre. La campagne des régionales est suspendue le temps de la commémoration.

Et s’agissant de la COP21 ?

Ce n’est pas tout à fait la même chose. On peut maintenir au Bourget la réunion des chefs d’État stricto sensu, mais il ne sera pas possible d’assurer la sécurité de 40 000 personnes. Nos forces de l’ordre sont déjà à la limite de leur capacité. Il me semble qu’il n’est pas possible d’autoriser les autres manifestations publiques. Donc la COP21 doit être limitée aux décideurs.

François Hollande a-t-il pris la mesure de la situation, selon vous ?

Hier soir, il n’a pas fait de faute, mais il n’a pas de stratégie. Depuis le 11 janvier, rien n’a été fait pour mener cette guerre, car ces attaques, nous savons très bien qu’elles sont organisées depuis le sol syrien par l’organisation État islamique. On a perdu trop de temps. Mener cette guerre contre le terrorisme nécessite d’organiser la population civile. On ne peut pas s’en remettre aux seules forces de l’ordre. Je demande par ailleurs à François Hollande de réunir l’Otan. Nous sommes membre de cette organisation. Or nous sommes agressés.

Qu’attendez-vous de l’Otan ?

On ne peut pas se contenter de quelques frappes sur des camps d’entraînement ni laisser les Kurdes nous défendre seuls en se contentant de leur fournir des armes. L’Otan doit pouvoir apporter son concours armé aux troupes kurdes à travers des forces spéciales. Je ne parle pas de mobiliser 500 000 soldats. Mais des forces spéciales de l’Otan devraient être en mesure, compte tenu de la supériorité aérienne qui est la nôtre, de déloger les forces de Daesh des territoires qu’elles contrôlent. Il ne faut plus laisser Daesh s’organiser contre nous dans des sanctuaires.

L’interview sur le site du Point.fr • Propos recueillis par Emmanuel Berretta