LE FIGARO.- Vous venez d’écrire à Nicolas Sarkozy au sujet de la primaire. Que lui demandez-vous ?
Jean-Christophe LAGARDE.- J’ai ouvert mardi au sein des instances de l’UDI le débat qui débouchera sur notre congrès du 20 mars, où les adhérents décideront de quelle façon nous porterons notre projet et nos valeurs devant les Français à l’occasion des élections présidentielle et législatives. Les Républicains nous invitent à une primaire qui, jusqu’à présent, a été décidée par eux, pour eux et entre eux. Pour que les adhérents de l’UDI choisissent en toute connaissance de cause, nous devons avoir avec nos homologues de LR et avec la Haute Autorité de la primaire une discussion sur les conditions techniques de loyauté et de transparence du scrutin et une discussion politique sur la façon dont nous souhaitons construire une nouvelle majorité demain.
Quelles sont vos conditions politiques pour participer à la primaire ?
La première est d’avoir des priorités partagées, des grands axes sans lesquels aucun partenariat n’est possible. Je pense par exemple à la réduction de la dette de la France, à la simplification du marché de l’emploi, à l’allègement du coût du travail ou encore au rétablissement d’une Education nationale qui permette de valoriser le mérite de chaque enfant. Nous aurions eu une arme puissante contre le chômage si nos partenaires avaient accepté la TVA compétitivité que nous proposions dès 2008, au lieu d’attendre 2011 pour la voter et qu’elle ne soit jamais appliquée !
Vous souhaitez donc un accord de gouvernement ?
Je souhaite un pacte de gouvernance garantissant l’indépendance de nos deux formations politiques et la définition d’un programme de gouvernement à l’issue de la primaire pour être capable de construire une majorité parlementaire pluraliste, avec des groupes politiques équilibrés. Avec les Républicains, nous ne pouvons envisager qu’une coalition, pas une soumission.
L’introduction de la proportionnelle aux législatives sera-t-elle un élément de la négociation avec LR ?
Cela fait évidemment partie de notre projet, mais au sein d’une même majorité présidentielle, il peut exister des désaccords et des débats que le pacte de gouvernance doit intégrer. Il s’agit d’additionner nos idées sans que personne n’ait à renoncer aux siennes.
A partir de combien de ministères l’UDI s’estimerait-elle correctement représentée ?
Il ne s’agit pas de négocier des places mais de garantir aux électeurs qui veulent une alternance qu’on ne s’engouffrera pas dans la mécanique du parti unique qui a échoué de 2002 à 2012, au point que les Français ont fini par la rejeter.
Aux régionales, la règle de répartition des places éligibles était de deux tiers pour LR, un tiers pour l’UDI. Est-ce celle que vous voulez appliquer aux législatives ?
Aux régionales, il ne pouvait pas y avoir de victoire sans nous. D’ailleurs il n’y a pas aujourd’hui de région gagnée par l’opposition que Les Républicains puisse gérer sans nous. Il doit en être de même pour les législatives.
N’est-ce pas curieux de vouloir fixer un rapport de force avant la primaire, qui permet de se compter ?
Il n’est pas question de rapport de force. On l’a mesuré aux municipales, aux départementales et aux régionales : Les Républicains sont plus nombreux que nous mais ils sont minoritaires sans nous. C’est bien la raison pour laquelle ils veulent un candidat commun, grâce à la primaire. Nous disons nous que la réussite d’une éventuelle majorité ne passe pas par un casting, par la seule désignation d’un « sauveur » dont tout procèderait sans discussion, sans équilibre et sans accord politique. Nous ne pourrions pas nous sentir tenus vis-à-vis d’un candidat qui inscrirait à son programme la remise en cause du droit du sol ou le renoncement à la construction européenne.
L’interview de Jean-Christophe Lagarde sur le site du Figaro