JEAN-CHRISTOPHE LAGARDE avoue avoir écouté d’une oreille plutôt distraite ce qui s’était passé chez les Républicains le week-end dernier. La bataille pour l’investiture que se livrent Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et consorts lui donne l’impression de se résumer à un « casting » dans la plus pure « tradition française du sauveur ». Ce n’est pas du tout à ses yeux « une bonne pratique pour préparer l’alternance ». L’UDI, qu’il préside, devra décider le 20 mars si elle décide de participer à ce qui, pour l’instant, « n’est pas une primaire de la droite et du centre mais une primaire des Républicains ».
Invité du « Talk Le Figaro », le député de Seine-Saint-Denis avoue surtout avoir été surpris par la sortie de Luc Chatel sur le gaz de schiste et les OGM. « Être le parti de l’innovation, ce n’est pas être le parti de la régression, a jugé Lagarde. Or le gaz de schiste, c’est une régression. » Le centriste rappelle qu’en 2011, « ce sont les Républicains eux-mêmes qui ont voté une loi interdisant l’exploitation du gaz de schiste car elle créerait des dégâts environnementaux irréparables ». Il en veut pour preuve ce qui s’est passé aux États-Unis : « Cela leur a créé de la croissance économique momentanée mais les dégâts environnementaux, eux, ne seront pas momentanés. »
Jean-Christophe Lagarde n’exclut pas que cette ressource puisse être exploitée un jour en France, mais pas sous n’importe quelle condition. « S’il y a un moyen d’exploiter le gaz de schiste sans détruire l’environnement, tant mieux. Mais en attendant, on n’y touche pas », explique-t-il en préconisant surtout la recherche.
« Avancer avec la plus grande prudence »
Le patron des centristes n’est pas beaucoup plus convaincu par le nouveau credo des Républicains en faveur des organismes génétiquement modifiés. « On doit avancer avec la plus grande prudence et mesurer l’impact environnemental », explique-t-il en promouvant à l’inverse « toutes les biotechnologies » qui ont fait la preuve de leur innocuité. « Le parti de Jean-Louis Borloo, du Grenelle de l’environnement, de Chantal Jouanno » n’acceptera pas de troquer la destruction de l’environnement pour quelques points de croissance. « Ça ne veut pas dire que l’innovation est antinomique de la croissance », ajoute-t-il en évoquant les ressorts de la croissance verte. Mais détruire l’environnement juste pour la croissance d’aujourd’hui, c’est irresponsable et nous nous opposerons à ce type de démarche. »
Au passage, Jean-Christophe Lagarde prend un malin plaisir à rappeler que ce sont « les mêmes qui ont voté le principe de précaution qui demandent aujourd’hui sa suppression ». « Je suis d’autant plus à l’aise avec ça que je ne l’avais pas voté moi-même », s’amuse-t-il. J.-B. G.